C'est quoi le #BamaRush qui cartonne sur TikTok aux USA ?

Temps de lecture : 2 minutes environ

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Publié le 19 août 2023

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Par Sébastien Sébastien

L'essor viral sur TikTok d'une tendance originale se manifestant chaque année autour du mois d'août. Des vidéos impliquent des groupes d'étudiantes américaines effectuant de chorégraphies synchronisées devant de majestueuses résidences, le tout attirant des millions de regards. Cette obsession numérique porte le nom de #BamaRush, à travers lequel se dissimule toute une économie, des réseaux d'influence, mais aussi une répétition sociale et une exclusion.

C'est quoi le #BamaRush qui cartonne sur TikTok aux USA ?

L'influence des sororités au cœur du phénomène #BamaRush

Les sororités, fraternités féminines, sont profondément enracinées dans le paysage universitaire américain. Ces clans exclusifs sont vénérés pour leur capacité à offrir une communauté solide à leurs membres, où ils peuvent participer à des activités sociales et associatives ensemble, et partager le même toit pendant au moins un an.

La stratégie s'avère efficace dans des universités comme celle de l'Alabama, référence incontestée en matière de "Greek life" dont l'adoption universelle du label "Bama" témoigne. Qu'est-ce qui relie la Grèce à ces clubs d'étudiant unisexes ? Tout simplement, leurs noms sont constitués de lettres de l'alphabet grec.

La féminité ultra-codifiée

Derrière les ferventes danseuses de TikTok se mêlent également des objectifs plus subtils. En effet, ces vidéos incarnent une féminité ultra-codifiée, inspirée du traditionnalisme sudiste et de l'image de la "Southern Belle" – une jeune femme blanche, aisée et très soignée. Les candidates à ces sororités, toutes vêtues d'une façon similaire, détaillent chaque marque de leur tenue du jour sous l'hashtag #OOTD (Outfit of The Day) sur TikTok.

Pour entrer dans les cercles fermés des sororités les plus populaires, il est indispensable de respecter ces codes d'apparence. En effet, certaines sororités tiennent à instaurer des règles strictes autour de l'apparence de leurs membres, au risque d'exclusion.

Sélection économique : les sororités sont-elles réservées aux plus riches ?

Intégrer une sororité a un prix. Par exemple, un semestre peut coûter en moyenne 4 280 dollars, une valeur à laquelle il faut ajouter les frais de scolarité, de logement et de nourriture propres à une université comme celle de l'Alabama. Ainsi, malgré l'existence d'aides, les sororités sont encore perçues comme des cercles de privilège. L'occurrence de bijoux de marques de luxe comme Hermès, Dior ou David Yurman dans les vidéos illustrent parfaitement cette dimension économique.

Des cercles d'influence et de ségrégation

Ces cercles d'influence sont fondamentaux dans la vie politique locale, notamment en Alabama. Parmi ces cercles figure "The Machine", groupe qui rassemble des délégués des fraternités et sororités les plus prestigieuses de l'université de l'Alabama. Ce groupe contrôle la majeure partie des aspects de la vie étudiante sur le campus.

"The Machine", créé au début du XXe siècle en parallèle à la réécriture de la Constitution de l'Alabama ayant consacré la suprématie blanche, a permis de maintenir le statu quo pour les élites à travers les décennies. Ce statu quo est lentement remis en question, notamment par l'intégration des candidates noires dans les sororités de l'université de l'Alabama à partir de 2013.

Sébastien

Article écrit avec passion par Sébastien

C'est Sébastien à vos côtés. Les réseaux sociaux ? Mon terrain de jeu ! Je décrypte pour vous les mouvements et les murmures du monde digital. Et quand je déconnecte ? Rien de tel qu'un bon film d'auteur pour décompresser.

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